mercredi 4 mai 2011

fascination



     " Ces grands yeux humides..., splendides comme les étangs durant les soirs d'été, avec leurs joncs qui s'y baignent, avec tout le ciel qui s'y mire et s'y transfigure (D'Annunzio) (...)L'étang est l'oeil même du paysage, (...) le reflet sur les eaux est la première vision que l'univers prend de soi-même, (...) la beauté accrue d'un paysage reflété est la racine même du narcissisme  cosmique. Dans Walden, Thoreau suivra ainsi tout naturellement ce grandissement des images. Il écrit : " Un lac est le trait le plus beau et le plus expressif du paysage. C'est l'oeil de la terre, où le spectateur en y plongeant le sien sonde la profondeur de sa propre nature. "

Gaston Bachelard, La poétique de l'espace


11 commentaires:

  1. que dire après Bachelard - rien - le lire - regarder, aimer le lien qui se fait

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  2. J'avais oublié ce texte , que de beauté , tu me donnes envie de la ressortir de ma bibliothéque !

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  3. Que serait notre monde sans ces reflets ?
    Que serait cette planète sans l'eau ?
    De très belles phrases, une belle réflexion (dans tous les sens du mot). Merci de ce moment de partage. Webiane.

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  4. Admiration du ciel et de l'eau, l'un donnant sa couleur à l'autre et se multipliant à l'infini pour le plaisir de nos yeux.

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  5. Merci Pierre, pour cette occasion de rouvrir "Walden". Il y a un marque-page dans mon exemplaire, juste sur celle où Thoreau, parlant de son étang, écrit :
    "...la couche d'air au-dessus étant peu épaisse, et obscurcie par les nuages, l'eau, pleine de lumières et de reflets, devient elle-même comme un ciel plus bas, et plus important que l'autre."
    Walden or life in the woods (Where I lived, and what I lived for).

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  6. Et dans tes yeux d'eau profonde en mystère
    je me perds
    et sombre ......

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  7. Cher Bachelard, si cher Bachelard ... je prends et je mange doucement, lentement je savour...
    cher Bachelard...

    merci à toi pour ce joyaux.
    j'aime

    amitié

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  8. La fascination fut si profonde que j'en ai oublié le "e"

    je savoure.

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  9. Tout est beau, votre image, votre texte, le livre(dont vous avez donné cet extrait) et qui se trouve être actuellement mon livre de chevet que je savoure pour reprendre le mot de Maria-d.
    Et puis quelques lignes après, dans « l’immensité intime », pour le poète que vous êtes :
    « (…) Ces images font grandir le monde, grandir l’été. A certaines heures, la poésie propage des ondes de calme. D’être imaginé, le calme s’institue comme une émergence de l’être, comme une valeur qui domine malgré ses états subalternes de l’être, malgré un monde trouble. L’immensité a été agrandie par la contemplation. Et l’attitude contemplative est une si grande valeur humaine qu’elle donne une immensité à une impression qu’un psychologue aurait toute raison de déclarer éphémère et particulière. Mais les poèmes sont des réalités humaines ; il ne suffit pas de se référer à des « impressions » pour les expliquer. Il faut les vivre dans leur immensité poétique. »
    Et ça vous savez très bien le faire et ce pour notre plus grand plaisir, encore merci.

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  10. c'est un texte que je découvre Jeandler grand merci et la question me vient, le monde ne serait-il pas une projection poétique?

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  11. > Brigetoun, ne rien faire que laisser les mots chanter.

    > Pat, avoir toujours sous la main ces textes de Bachelard, ne pas s'éloigner de cet arbre de sagesse.

    > Viviane, " Le miroir des eaux ? " s'interroge Bachelard. Il répond : " C'est le seul miroir qui ait une vie intérieure. "

    > Fardoise, le ciel en se reflétant dans l'eau gagne une double profondeur.

    > Tilia, Walden ou la vie dans les bois. Thoreau témoigne en ce récit d'une retraite en immersion totale dans la nature loin des froissements du monde des hommes.

    > Arlettart, se laisser porter. " Il y a , précise Bachelard, une eau dormante au fond de toute mémoire. "

    > Maria, " Dans l'eau dormante, le monde se repose. " Quand nous reposerons-nous vraiment de ce monde futile qui nous submerge ?

    > Monique, et que dire de ce texte, encore, de Bachelard :
    " Le lac, l'étang, l'eau dormante, par la beauté d'un monde reflété, éveillent tout naturellement notre imagination cosmique. Un rêveur, près d'eux, reçoit une bien simple leçon pour imaginer le monde, pour doubler le monde réel par un monde imaginé. Le lac est un maître en aquarelles naturelles. Les couleurs du monde reflété sont plus tendres, plus douces, plus bellement artificielles que les couleurs lourdement substancielles. Déjà, ces couleurs portées par les reflets appartiennent à un univers idéalisé. Les reflets invitent ainsi tout rêveur de l'eau dormante à l'idéalisation. Le poète qui va rêver devant l'eau n'essaiera pas d'en faire une peinture imaginaire. Il ira toujours un peu au delà du réel. Telle est la loi phénoménologique de la rêverie poétique. La poésie continue la beauté du monde, esthétise la monde. Nous allons en avoir de nouvelles peuves en écoutant les poètes. "
    G. Bachelard, La poétique de la rêverie

    > Brigitte, tout Bachelard est à découvrir, qui, sans en avoir l'air, est un grand philosophe doublé d'un poète. Et si humain. Si modeste. Si humble.

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