lundi 1 juin 2020

Jardin



  Ayant toujours suivi son désir, le Philosophe n'a pas de regrets. Pas de doutes, pas d'hésitations, pas de tergiversations, pas d'approximations, pas de ruminations. Son regard intérieur fixe le but : une sphère de lumière solide. Il l'entend battre, comme il entend battre son cœur. S'il sort de son bureau, le moindre jardin se change en musique. Le gravier est un clavecin, la pelouse un piano, le pin parasol un violoncelle, l'acacia un violon, le laurier un basson, le rosier une clarinette. Le concert silencieux est constant, même sous les étoiles. Une éclipse de lune le confirme, puisque la lune, à ce moment-là, passe au rouge sur l'horizon. Le Philosophe, concentré, sait calculer ses éclipses.

Désir, Philippe Sollers, Éditions Gallimard 2020.





2 commentaires:

  1. Musique et jardin, un merveilleux accord.. Je lis dehors en ecoutant des merles chanter à tue-tête.
    Belles journée et merci !

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  2. Très présents les merles en ce début juin...

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