mardi 6 septembre 2016

Petite esquisse pour l'histoire d'une place : le Martroi


     Le Martroi - ou Martray - du latin martyretum, lieu de supplice.

     Le Vieux Martroi ou Martroi Saint-Sulpice, du nom d'un ancienne église aujourd'hui disparue, servait de cimetière( d'origine gallo-romaine) attenant. Situé en dehors de la première enceinte de la ville c'est-à-dire un peu plus au sud de la place actuelle, il est inclus dans la ville lors de l'édification de la seconde enceinte, comportant notamment la Porte Bannier (première mention en 1221, détruite en 1755) et bientôt désaffecté. Un espace se dessine alors qui tient lieu de Marché au Blé (commercialisation des blés de la Beauce voisine) : c'est le Martroi aux Bleds sous le nom de Place Saint-Sulpice




     Au XVIè siècle, la ville s'étant dotée d'une quatrième enceinte englobant la petite Place Saint-Sulpice, celle-ci est abandonnée (en 1517) et le Marché au Blé reporté plus au Nord, à l'emplacement connu sous le nom de Nouveau Martroi.

     Au XVIIè siècle, la construction d'un  pont sur la Loire en remplacement du pont médiéval devenu vétuste et le percement d'un axe Sud-Nord (nouveau cardo de la ville) qui deviendra  l'ébauche de la Rue Royale, oblige à modifier la place et de l'intégrer dans un projet de Place Royale. De ce projet, seule la Chancellerie témoignera de ce nouveau dessein (1754). La Bourse du Commerce, bâtie sur le même modèle, ne verra le jour qu'un bon siècle plus tard (1863).





     Au XIXè siècle, l'ouverture d'un nouvel axe face à la Gare nouvellement implantée, de la Rue de la République, débouchant sur la place, entraîne la réalisation des deux Rotondes qui l'encadrent dorénavant. Une première statue de Jeanne d'Arc (de à Gois, en 1804) y est édifiée, à l'Est, et remplacée en son centre  par celle équestre de Foyatier, en 1855.




     Durement éprouvée par les bombes et le feu en 1940 et 1944, elle a été rapidement reconstruite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Traversée par la première ligne de tramway dans sa partie Ouest (en 2000), elle était devenue un lieu piétonnier au cours des années 1987-1988.

Lieu emblématique des manifestations de la ville, un marché des Livres Anciens s'y tient chaque vendredi ainsi qu'un marché animé par les producteurs locaux en soirée.

Documents : 1.La place, côté Ouest; 2.Vestiges de la Porte Bannier, en sous-sol; 3.La rue Royale; 4.La Chancellerie; 5.La rue Bannier, la Rotonde et entrée de la rue de la République.

© jeandler pour le texte et les images

Annexe : plan de Perdoux, 1773 (détail)



    

6 commentaires:

  1. L'année dernière j'ai été émerveillée devant le nouveau visage d'Orléans que je n'avais pas vu depuis de nombreuses années. Riche en histoire et joliment représentée par vos photos et votre texte, c'est avec un grand plaisir que je savoure cette note. Merci, il est possible que j'y fasse un petit tour en octobre et mon regard s'en trouvera enrichi.

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    1. J'ai vécu une quinzaine d'années (ma prime enfance et adolescence) en cette ville et je ne la connaissais pas ! Elle était cachée, sommeillait telle la belle au bois dormant.Découverte aujourd'hui.

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  2. Merci Pierre, je n'ai pas eu non plus l'occasion de bien la connaitre tout en venant si près tous les weekend pendant près de 15 ans ! Je suis passé en 2005 pour assister à la soutenance d'un de mes étudiants à la source et quelques autres fois depuis, allant visiter quelques bibliothèques.
    Je crois qu'une des apparitions cinématographiques les plus marquantes de la ville est "police python 357" un polar avec Yves Montand qui date maintenant.
    Tu nous a souvent montré les quais et la batellerie typique mais l'histoire de cette place pourtant célèbre m'était inconnue.
    Tu as raison de mentionner le pilonnage de la ville en 40 par les bombardiers allemands, les archives départementales ont été détruites et c'est un pan entier de l'histoire de l'orléannais qui a largement disparu.
    Bien à toi.

    Thierry

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    1. Merci Thierry de ton témoignage. En ces journées du patrimoine, je vais visiter les Archives relocalisées dans l'ancien couvent des Minimes, pas très loin de cette place du Martroi.

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